fOf, LIVRE DEUXIÈME. qui n’était pas vénitien prenait peu de part à la politique , ne se mêlait pas des affaires intérieures, n'exerçait pas cet ascendant que donne ordinairement une grande position militaire, et n’avait rien de re qu'il fallait pour le rôle de dictateur. Manin, chef du parti qui venait de triompher, était le maître de la situation et résumait en lui le sentiment de l’indépendance et les instincts de salut du pays. Il n’avait pas fait preuve de grandes qualités gouvernementales pendant les trois mois qu’il avait été au pouvoir, ne possédait aucune notion des affaires militaires, et comprenait bien que c’était une épée qu’il fallait alors à la tète de Venise; mais l’ambition parlait haut chez lui, cl il se fil offrir la dictature. Seulement il demanda qu’on lui adjoignît deux collègues [tris l’un dans l’armée, l’autre dans la marine, et l’assemblée nomma le colonel Cavedalis el le contre-amiral Graziani. Le nouveau gouvernement fut ainsi un triumvirat dictatorial dont Manin était le président. On venait de faire une révolution, on venait de se séparer du Piémont parce qu’on ne voulait pas subir les conditions de 1 armistice, mais pendant ce temps-là, on avait perdu de vue les affaires de la guerre. Depuis la fin de juillet, les troupes du blocus étaient tout a lait isolées; le gros de l’armée autrichienne s était avancé en Lombardie à la suite des Piemonlais, el une partie du corps de Welden avait été envoyé dans les Légations. Pepe, avec un peu de vigilance et d’aclivilé, devait connaître cet état de choses, et pouvait avec 8 a 10 mille hommes de ses il mille, tomber sur la ligne ennemie, lui faire éprouver de grandes perles, l’obliger à s’éloigner, el dégager les lagunes pour quelque temps; il pouvait