174 LIVRE QUATRIÈME. dices ennemies, longue cl double ligne de feu; de l’autre, tous les ouvrages de Malghera enveloppes de nuages de feu et de fumée, et paraissant s’écrouler sous les coups des bombes et des boulels. Malgré la supériorité des moyens de l'attaque et l’effet terrible de son artillerie, le moment n’était pas venu d’évacuer Malghera: on pouvait encore réparer les dégâts, il restait plus de 80 pièces en état de servir, et la garnison ne se montrait pas abattue. II est d’usage de soutenir au moins un assaut avant de cesser la résistance, et à la distance où se trouvait l'ennemi, 500 mètres environ, un assaut contre des parapets encore fermes et précédés de fossés pleins d'eau était facile à repousser. On pouvait donc et on devait tenir encore plusieurs jours dans Malghera, quand même il n’aurait plus été qu’un monceau de décombres, en ayant soin toutefois de ne pas se laisser tourner et d’occuper en force la tète du pont et San (îiuliano. Mais Pepe et le gouvernement étaient timides, et ne savaient pas apprécier l'état des choses; ils crurent que la possession de Malghera serait peu utile à l’ennemi, et qu’il était prudent d’évacuer ce fort et de renfermer la défense dans l’intérieur des lagunes; ils décidèrent que l’évacuation aurait lieu dans la nuit du 26 au 27. Le 25 au soir, l’ennemi commença des cheminements dans la direction du fort Rizzardi, et entretint de ce côté, toute la nuit, un feu assez vif, pour protéger ses travailleurs et en même temps contrarier ceux de l’assiégé occupés à réparer les dégâts de la journée. Le 26, le feu reprit sur toute la ligne, avec la même violence que les deux jours précédents, mais les défenseurs ne lardèrent pas à faire moins bonne contenance: dans la soirée ils s’apprêtèrent à se retirer.