LIVRE DEUXIÈME. 85 s’arrêter sur le Pô, et attendre là de nouveaux ordres. Pepe cependant, peu scrupuleux lui-même en fait de loyauté, ne renonça pas au commandement, et partit Lien décidé à désobéir à tout ordre contraire à la cause de l’indépendance. Mais les troupes étaient dévouées au roi, et Pepe, qu’elles n’aimaient pas, ne pouvait guère espérer de les entraîner dans sa désobéissance, à moins qu’elles ne fussent déjà en présence de l’ennemi, car alors un général a beaucoup mieux ses troupes dans la main. Une fois en ligne au delà du Pô avec les autres Italiens, les soldats de Pepe seraient probablement restés, malgré le roi, comme ceux de Durando restèrent malgré la pape. Il fallait donc se bâter d’arriver sur le théâtre de la guerre avant que des événements, qu’il n’était pas difficile de prévoir, ne fournissent au roi un prétexte pour contremander l’expédition. C’est ce que ne fit pas Pepe, qui, malgré ses habitudes de con-> spiraleur, avait peu de finesse et de prévoyance; il ne marcha pas assez rapidement; il négligea aussi de se faire connaître de ses soldats et de prendre sur eux de l’ascendant. Le 22 mai, quand il aurait pu être depuis quelques jours au delà du Pô, sa première division arrivait à peine à Ferrare, et sa se-] conde était encore eu arrière de Bologne; il reçut j ce joui -là l’ordre de ramener son armée dans le royaume. Une lutte sanglante avait éclaté le 15 à î Naples entre le gouvernement et une partie de la ; population, œuvre des deux partis extrêmes, amenée par l’imprudence du parti libéral el par les exi-| gences des députés sur des questions peu importan-| les au moment où l’on ne devait songer qu’à la guerre j contre l’Autriche. Quelque fatal que pût être à la cause de l’Italie le rappel des troupes napoülaines, I