166 LIVRE QUATRIÈME. tre et celui de l’Osellino, et se prolongeant dans la direction de Campalto. L’assiégé ne s’aperçut de l'ouverture des travaux que le lendemain matin ; il fit alors un feu continuel qui, malgré la distance et la difficulté de distinguer les tranchées, masquées en bien des points et surtout à l’emplacement des batteries, par les arbres et les haies dont le sol était couvert, gêna l’attaque, mais pas assez pour compenser la grande consommation de munitions qu’il occasionna et qu’on devait bien regretter plus lard. Il fallut cinq jours à l’assiégeant pour faire et pour armer ses batteries qui ne furent prêtes que le 4 mai, dans la matinée; elles étaient au nombre de sept, dont trois de canons, une d’obusiers et trois de mortiers, formant un ensemble de 60 bouches à feu. Démasquées toutes en même temps vers le milieu de la journée, elles lancèrent toul à coup sur Malghera une grêle de boulets, d’obus et de bombes. Au premier instant les jeunes milices vénitiennes furent ébranlées par celle violente attaque à laquelle elles ne s’attendaient nullement, mais elles se remirent assez vile; tout le monde courut à son poste, et l’artillerie se trouva bientôt en mesure de répondre à celle de l’ennemi. Ce fut alors une effroyable canonnade. Les Autrichiens dont l’intention était d’intimider l’assiégé liraient de manière à atteindre l’intérieur du fort, les casernes, les magasins à poudre; l’artillerie vénitienne, plus nombreuse, d’un plus fort calibre et servie par l’élite de la jeunesse italienne, leur répondait beaucoup plus vigoureusement qu’ils ne s’y attendaient, et endommageait fort leurs batteries. Toute la population de Venise, en proie à la plus vive anxiété, assistait au spectacle de celle lutte dont sa destinée était