14G LIVRE TROISIÈME. laques continuelles contre ses lignes de blocus, à laisser là des forces assez nombreuses. Mais les idées de Pepe allaient toujours trop loin, et ne s’arrêtaient aux choses simples et praticables, aux choses vraiment et immédiatement possibles. Les premières conditions d’ailleurs pour exécuter ses projets grandioses, c’était d’avoir des troupes de toute autre qualité que les siennes. On savait à Venise que le Piémont allait reprendre les armes, mais on était dans une incertitude complète sur l’époque, lorsque le 14 mars le gouvernement reçut la nouvelle de la dénonciation de l’armistice; c’était le 20 que recommençaient les hostilités sur le Tessin. Le cabinet de Turin devait avertir plus tôt Venise qui, n’ayant pas d’armistice à observer, aurait attaqué les troupes du blocus au moment même de la dénonciation, et forcé Radetzky à ne pas trop se dégarnir au delà de l’Adige; il fallait aussi indiquer ce que l’on désirait que fît Venise pour seconder les opérations de l’entrée en campagne. Mais à Turin tout marchait alors avec une précipitation et une imprévoyance sans égales; on ne calculait rien, on se lançait, tète baissée, dans tous les hasards de la politique cl de la guerre, sous la bannière d’une folle démocratie. On courait au-de-vanl d’une défaite dont on se serait facilement consolé, si elle avait pu amener une révolution, comme celles de Rome et de Toscane. Pepe, laissé par le cabinet de Turin sans avis et sans renseignements, sans offre el sans demande de secours ou de coopération, s’élail néanmoins arrêté à une détermination juste et hardie; c’était de sortir de Venise avec toutes ses forces disponibles, pour aller donner la main vers Rovigo à une division romaine de 8 à 9 mille