138 LIVRE TROISIÈME. de luttes intérieures, et libre de consacrer tous scs soins à résister aux ennemis du dehors. Quel que iïil le triumvirat du 11 août, il fallait se serrer autour de lui, ne voir en lui que le représentant et le bras du pays. 11 s’élait formé à Venise,comme alors dans presque toute l’Italie, de nombreux clubs ou cercles politiques; il y avait le cercle populaire, le cercle italien, le cercle militaire, une assemblée des habitants des provinces vénitiennes, une autre des Lombards. Dans ces réunions on discutait sur toutes les affaires, ou agitait toutes les questions de guerre et, de politique, on contrôlait les moindres actes du gouvernement, et souvent on se déchaînait contre lui avec la plus grande violence. Elles étaient le rendez-vous des exaltés, des gens de tumulte et de désordre, les hommes aux gages de l’Autriche, et surtout des ambitieux qui sous le manteau du patriotisme, ne cherchaient que leur intérêt personnel. Ce n’étaient pas seulement les affaires de Venise dont il était question dans les clubs ; ils portaient plus loin leur \ue, et leurs discussions roulaient sur les destinées de toute l’Italie. L’ennemi avait beau être au bord des lagunes, on ne s’inquiétait pas pour si peu, et on se préoccupait moins de la défense que de la convocation d’une grande Diète italienne à Rome. Ce devait être là la panacée aux maux de l’Italie, le moyen infaillible de mettre en fuite toutes les armées de l’Autriche. Les clubs exerçaient une influence pernicieuse sur l’esprit public, dans les conseils du gouvernement, dans la distribution des emplois, surtout dans la nomination aux grades et aux commandements. Le triumvirat se laissait troubler par leurs clameurs et leurs accusations, et, recherchant trop la