156 LIVRE TROISIÈME. quelques-uns même dans les tout derniers temps; la frégate et les trois goélettes ne furent jamais achevées ou équipées. Quant à se procurer des navires à l’étranger, on n’y songea pas, sans doute à cause de la dépense, qui était cependant la plus indispensable de toutes, et qui n’était pas au-dessus des ressources de Venise. C’est là une des plus grandes preuves de l’insuffisance des hommes à qui cette malheureuse ville confia ses destinées; ils comprirent trop tard que la marine était le grand élément de la résistance, et quand ils le comprirent, ils ne surent pas mettre en œuvre les ressources dont ils disposaient encore. On s’occupa beaucoup plus activement de la flottille destinée à la navigation et à la défense intérieure des lagunes, et l’on équipa jusqu’à 140 petits bâtiments de diverses espèces, pirogues, péniches, trabaccoli, barques canonnières, pontons, radeaux, portant plus de 400 canons. Ils surveillaient les débouchés des canaux et l’entrée des ports, appuyaient les forts et les batteries, protégeaient les débarquements, secondaient les mouvements des troupes au bord des lagunes et se portaient partout où leur présence pouvait être nécessaire. C’était là, sans contredit, un des meilleurs et des plus faciles moyens de la défense; mais celte flottille aurait pu sans inconvénient être moins nombreuse; on fil trop pour elle, pas assez pour la vraie flotte. Telle était la situation militaire au commencement de 1849; très bonne sous quelques rapports, elle péchait dans les points essentiels. On avait fait beaucoup en vue d’un siège et d’attaques de vive force, peu en vue d’un blocus; on ne s’était pas mis en mesuré d’avoir la mer libre, et la qualité de l’armée