22 LIVRE PREMIER. n’éprouvail ni le besoin ni le désir de s’étendre de ce côté, et ne songeait qu’à consolider et à augmenter sa force maritime et ses moyens de commerce. Elle eût bien fait peut-être de persister dans celte voie, mais à partir du xive siècle et plus particulièrement après scs guerres avec Gènes, il se produisit une révolution dans son système politique; elle voulut élargir sa base et acquérir des possessions dans la terre ferme. Cette partie de l’Italie vers laquelle elle tournait ses vues de conquête était partagée eri une foule d’états, tous mal gouvernés, la plupart livrés au désordre et à l'anarchie. Venise, prit part à leurs querelles, sema la division entre eux, protégea les uns, combattit les autres, également dangereuse comme protectrice et comme ennemie. Après de longues guerres qui lui coûtèrent beaucoup d’efforts et de sacrifices, elle se trouva maîtresse d’un vaste territoire s’élevant au nord jusqu’aux Alpes, et s’étendant de l’Isonzo à l’Adda; elle devint sur terre ce qu’elle était sur mer, la puissance prépondérante de la Péninsule. Si la Ilaule-Ualie, à la suite de toutes les guerres qui la déchirèrent alors avait pu être réunie en un seul élat, l’étranger ne se serait probablement plus établi en deçà des Alpes. Le duché de Milan, dans les mains des Visconti et puis des Sforza, était l’état le mieux placé, le plus propre à s’agrandir aux dépens des autres et à les absorber. Ses ducs avaient celle ambition, et l’on vit plusieurs d’entre eux, courageux, capables, peu délicats sur les moyens, étendre leur puissance d’un côté jusqu’à la Méditerranée, de l’autre jusqu’à l’Adriatique. Mais ils finirent par avoir le dessous dans leurs luttes contre Venise dont le trop grand succès sur le continent fut doublement fatal; fatal à la Haute-