LIVRE QUATRIÈME. 217 années 1848 et 1849, qui ont été pour l’Europe entière, une époque de crise suprême. Au moment qu’un avenir de sage liberté s’annoncait sous les plus heureux auspices, et que l’Italie surtout nourrissait de grandes espéranees, l’aventure de Février, la plus inattendue et la plus injustifiable des révolutions, est venue tout perdre. La plupart des états ont été livrés à des agitations et à des bouleversements inconnus depuis longtemps, et fort divers dans leurs causes et dans leurs résultats. La France el l’Italie ont présenté les deux points opposés de celte série de perturbations et de malheurs. La France s’est affaissée devant une minorité infime, et a subi une révolution que rien ne nécessitait, qui n’a été qu’une saturnale démocratique, le triomphe de la déraison cl de l’esprit de désordre, qui a imposé un ordre de choses entièrement contraire aux intérêts, aux mœurs, aux traditions de la nation et qui l’a précipitée dans une voie de décadence dont elle aura bien de la peine à sortir. La France, depuis cette époque fatale dont elle ne pourra jamais assez rougir, est devenue un camp d'anarchie fournissant des soldats ou des armes à toutes les causes, el surtout aux mauvaises, à la démagogie et à l’absolutisme, aux révolutions et aux réactions de toute espèce. Mais en Italie, le mouvement contre l’Autriche était justifié de toute manière; c’était la revendication du plus légitime des droits, la nationalité ; l’Italie voulait être italienne. Elle a succombé, mais l’expulsion de l’étranger doit toujours être sa pensée intime et incessante; l’indépendance doit passer avant tout, et il faut songer à l’acquérir sans trop compter sur des secours extérieurs. L’Italie entre-t-elle dans la bonne voie? Que fait-elle, comment se