210 LIVRE QUATRIÈME. dommages, mais l’ennemi ne pouvait en approcher, et c’était en vain que, depuis le bombardement, il avait fait quelques tentatives de surprise ou d’attaque ouverte. Les autres points des lagunes n’étaient nullement attaqués et ne ressentaient les effets de la guerre que par le manque de vivres. La flotte ennemie , déployée le long du littoral, attendait tranquillement la fin de la lutte. Le moment de cesser la résistance approchait ; il n’y avait plus de farine que pour quelques jours ; le choléra faisait chaque jour plus de victimes. La population, épuisée et en proie à toutes sortes de souffrances, était maintenant à peu près unanime pour demander que l’on capitulât el que l’on mît iin à une situation désolante qui n’offrait plus la moindre chance de salut. Le parti delà résistance ne se composait plus que de têtes exaltées, d’anciens officiers au service de l’Autriche, de fonctionnaires et autres gens les plus compromis. Manin se décida enfin à traiter; mais, soit qu’il se fil encore illusion, soit qu’il espérât, par une attitude résolue, imposer à l’ennemi, il ne voulut pas parler de capitulation et se contenta de faire savoir àdeBruek, alors à Milan, que l’assemblée désirait reprendre les négociations du mois de juin; il lui proposait de discuter de nouveau un traité conciliable avec l’honneur et les intérêts de Venise. En attendant la réponse, il prit les mesures nécessaires pour assurer la tranquillité, prévenir les désordres qui pourraient se produire dans les moments de plus en plus difficiles où l’on se trouvait, el venir en aide aux militaires et aux habitants qui devraient quitter la ville. Il fil faire par la municipalité , sur les mêmes bases que les émissions précédentes, une dernière émission de 6 millions de