LIVRE TROISIÈME. 127 donna le monlanl pour une même somme en papier-monnaie, émis sous le nom de papier communal, et qui devait être amorti par vingtième, à mesure de la rentrée de l’impôt. Dans les premiers temps de leur émission, ces deux papiers furent reçus avec assez de confiance, le papier patriotique surtout, et circulaient à peu près au pair. Mais ils ne tardèrent pas à subir une dépréciation qui, une fois commencée, augmenta rapidement, et faisait éprouver une perte considérable à tous ceux qui étaient forcés de les accepter. Les banquiers et les changeurs profitèrent de celle dépréciation pour se livrer à un agio qui leur procurait de gros bénéfices. Le numéraire devint fort rare, même la monnaie de cuivre, elle peuple, à qui elle est indispensable, se porta à des démonstrations contre les changeurs et à des désordres qui obligèrent le gouvernement à interdire toute espèce d’agio sur cette monnaie. Pour que la rareté du numéraire ne fût pas un obstacle à l’introduction des vivres, on institua une caisse de change que le trésor dota de 750 mille livres. Les opérations de cette caisse fournirent pendant assez longtemps les moyens de payer en numéraire les denrées apportées à Venise. Le triumvirat avait aussi cherché à se procurer des ressources au dehors. Dès le mois d’août, il avait ouvert un emprunt italien de 10 millions de francs, sous la garantie mutuelle de la Vénilie et de la Lombardie, et qui devait être exclusivement consacré à exciter et soutenir l’insurrection de ces deux pays. Les agents envoyés dans les principales villes d’Italie pour émettre cet emprunt, n’obtinrent pas pour plus d’un demi-million de souscriptions. Gènes, la plus riche place de commerce de la Pénin-