LIVRE TROISIÈME. 437 et l’intérêt sur elle, et pendant la durée de laquelle il pouvait se produire de grands changements dans la politique européenne. Il y avait cependant des secours sur lesquels avait tout droit de compter l’héroïque cité qui seule soutenait encore le drapeau de l’indépendance italienne. 7 à 8 mille soldats lombards venaient d’être licenciés par le Piémont; un grand nombre de familles lombardes et vénitiennes, des plus riches, étaient en émigration. N’était-il pas naturel de s’attendre à voir tout ce monde-là accourir à Venise, apportant, les uns leur épée, les autres leur fortune? Il n’en fut rien, et tous ces Italiens, qui se disent si dévoués à l’Italie, abandonnèrent Venise à elle-même dans une lutte dont la durée pouvait exercer une immense influence sur leur situation, car tant que Venise se soutenait, la cause de l’indépendance n’était pas complètement perdue. Ils se conduisirent, comme presque toujours, au rebours de leur intérêt ou de leur honneur. Les uns s’en allèrent combattre à Rome pour une cause qui n’était pas celle de l’indépendance ; les autres restèrent honteusement oisifs en Piémont ou à l’étranger. Après tant de fautes néanmoins, loin de s’imputer à eux-mêmes les malheurs de leur patrie, il croient avoir fait de grands actes d’héroïsme, accusent la fortune ou bien parlent de trahison et d’abandon. C’est que chez eux le patriotisme n’est pas réel, mais faux et emphatique; ils l’ont sur les lèvres, ils ne l’ont pas dans le cœur. Tandis que les Vénitiens prenaient la généreuse résolution de résister et faisaient leurs préparatifs de défense, Radetzky se disposait à les attaquer; mais il lui fallait un certain temps pour prendre ses mesures, et il ne pouvait pas encore employer con-