LIVRE TROISIÈME. 123 Les Autrichiens rentrés à Meslrc le lendemain du jour où ils en avaient été chassés, l’occupèrent plus en force, et en augmentèrent les moyens de défense. Ils portèrent plus en arrière la plupart des autres points de leur Îigne de blocus, et se tinrent mieux sur leurs gardes; ils tentèrent même deux ou trois fois des surprises de nuit contre quelques-uns des ouvrages avancés de Malghera, mais sans le moindre succès; et à part les escarmouches ordinaires entre les avant-postes, il n’y eut plus d’autre engagement sérieux autour des lagunes jusqu’à la fin de mars, à la reprise des hostilités entre l’Autriche et le Piémont. Les affaires de Cavallino et de Meslre transportèrent de joie la population de Venise qui leur attribuait beaucoup plus d’importance qu’elles n’en pouvaient avoir; lorsque Pepe passa en revue les troupes qui y avaient pris part, elle les salua des plus vifs applaudissements qui du reste étaient mérités; la vue des canons pris à l’ennemi et exposés sur la place Saint-Marc porta l’enthousiasme au comble. La flotte sarde avait paru le lendemain même de la journée de Mestre, et cette circonstance jointe aux nouvelles de l’effervescence de toute la Péninsule et des embarras de l’Autriche, faisait croire au triomphe prochain de l’Italie. Mais ce qui devait surtout appeler l'attention, ce qui était plus important que des faits d’armes plus ou moins heureux qui, dans l’état actuel des choses, étaient peu utiles pour le résultat définitif, c’était la situation intérieure. Venise avait à s’occuper sans relâche des moyens de soutenir la lutte quand elle deviendrait sérieuse, à se créer toutes les ressources nécessaires. Malheureusement elle n’apporta pas là assez de soin et de