404 LIVRE DEUXIÈME. mix commissaires se trouvaient clans la position la plus difficile et la plus fausse, suspects à la population excitée contre eux par le parti républicain, en butte à toutes sortes de calomnies, sans force d’opinion, sans forces matérielles dont ils pussent disposer. La circonstance était on ne peut plus favorable aux adversaires de la fusion et du gouvernement royal qui surent la mettre à profit. Des insinuations perfides, des accusations de trahison circulèrent dans la ville et mirent le comble à l’anxiété publique. Des groupes nombreux se formaient sur tous les points, commentant les nouvelles avec animation , et discourant sur les mesures à prendre pour sauver Venise. La journée se passa ainsi ; la nuit venue, la foule se porta en masse sur la place Saint-Marc, et là le désordre et la confusion devinrent extrêmes. On interpellait les commissaires , on exigeait qu’ils donnassent des nouvelles de Milan , de la flotte, du sort réservé à Venise par l’armistice; leurs réponses incertaines ne faisaient qu’irriter la foule, et bientôt les cris de : mort aux commissaires ! a bas le gouvernement royal ! vive Manin , le sauveur de la pairie! proférés avec fureur, retentirent de tous côtés. Les commissaires , ébranlés par ces violences et n’ayant aucun moyen de résister, se montrèrent prêts à renoncer à leur autorité. Ils se t onerrtèrent avec Manin et avec la Consulte ; Manin paraissait désapprouver la multitude et vouloir la calmer, mais il était d’accord avec les meneurs et se disposait à ressaisir le pouvoir. Il fut décidé que les commissaires se démettraient à l’instant et que I assemblée des représentants serait convoquée le surlendemain , 13, pour nommer un nouveau gouvernement. Manin vint annoncer ces résolutions à