LIVRE DEUXIÈME. 63 Le lendemain malin, Marinovich bravant la colère des ouvriers et ne voulant écouler aucun conseil, eul l’imprudence de reparaître à l’arsenal. A sa vue, les ouvriers que l’on avait calmés en leur donnant l’assurance qu’il ne reviendrait plus, entrèrent en fureur. Les officiers qui se trouvaient là voulurent le faire sortir, mais il n’en cul pas le lemps et put seulement se réfugier dans une lour cl s’y enfermer. La porle fut bien vite abattue à coups de bâche; le malheureux Marinovich, poursuivi jusqu’au haut de le tour, fut pris, frappé avec toutes sortes d’outils que les ouvriers avaient à la main, et précipité sur les escaliers au bas desquels il expira. Peu après, tandis que la municipalité, et l’autorité militaire prenaient tardivement des mesures pour contenir les ouvriers, Manin parut devant l’arsenal, suivi d’une foule nombreuse et animée, Délivré de sa prison le 17, il s’était d’abord tenu tranquille et paraissait peu disposé à se compromettre de nouveau: mais l’état d’agitation et d’effervescence qui s’était emparé de loulo la population le 21, lui avait révélé qu’il y avait quelque chose à faire ; on commençait d’ailleurs à savoir qu’on se battait en Lombardie et surtout à Milan, el à penser qu’on pouvail bien faire en Italie ce qu’on avait si facilement fait à Paris, à Vienne el à Berlin. Manin se décida donc à se mettre hardiment en avant, et, à la nouvelle des dispositions des ouvriers de l’arsenal, il avait conçu l’idée de s’emparer de cet établissement où la population trouverait des armes, et qui est une position importante. Au moment où le rassemblement qu’il conduisait arrivait devant l’arsenal, les ouvriers en étaient presque tous sortis, el le chef de la marine, le vice-amiral Martini, l’occupait avec quatre ou cinq