142 LIVRE TROISIÈME. forte ; mais elles auraient du moins cherché à faire du royaume Lombard-Vénitien un pays indépendant, venant prendre sa place dans la famille italienne, et l’étranger n’aurait plus dominé la Péninsule. L’indépendance pour le royaume Lombard-Vénitien, des réformes pour les autres Étals, des constitutions pour deux ou trois d’entre eux, mais par trop libérales, tels sont les seuls besoins réels de l’Italie pour un assez grand nombre d’années; c’est en limitant là ses désirs et en concentrant ses efforts sur ces points qu’elle pouvait réussir. C’est dans cette voie qu’elle avait paru s’engager, mais elle se jeta bientôt en dehors, et l’une des principales causes de cette malheureuse déviation fut l'influence anglaise. Depuis quelques années la politique étrangère de l’Angleterre affecte d’assez mauvaises allures ; elle provoque, suscite les révolutions, puis les abandonne. Elle s’empresse trop souvent d’aider les peuples à imposer à leurs gouvernements des réformes et des améliorations qui sont loin d’être faciles; et cela, bien moins par amour pour les institutions libérales et par intérêt pour les peuples qu’elle protège ainsi, que pour contrarier et otïenser des tiers. Telle fut sa conduite en Italie de 1846 à 1848; tout ce qu’elle y lit alors n’avait d’autre but que d’inquiéter l’Autriche, et de jouer un mauvais tour à la France, pour prendre sa revanche des mariages espagnols. La France soutenait en Italie la cause de la liberté modérée et régulière ; l’Angleterre y soutint la liberté radicale et révolutionnaire, encouragea les passions démagogiques et contribua ainsi, sans le vouloir, aux perturbations insensées qui ont perdu ce beau pays. Si la France ne pressait peut-être pas assez les gouvernements d’effectuer les progrès réalisables, l’An-