LIVRE TROISIÈME. i 37 ne permettait pas de faire, au bord des lagunes, une résistance assez vive pour tenir l’ennemi à distance, et percer de temps en temps sa ligne. Dès lors la défense de Venise se trouvait limitée, à moins de secours extérieurs; on comptait, en effet, sur ces secours, surtout par la mer, cl 011 songea trop lard à s’en passer. La marche de la politique, qui exerce toujours lanl d’influence sur la conduite de la guerre, cl qui est le nerf des luttes d’indépendance, élait assez peu satisfaisante, et l’on voyait se reproduire à Venise, sur une moindre échelle, ces mauvaises passions et celle indiscipline morale qui venaient de perdre le reste de l’Italie. Tout le monde, ou à peu près tout le monde, désirait certainement l’indépendance, et les plus indifférents élaienl résignés; mais loulie monde n’apporlail pas loyalement son concours au gouvernement. On lui faisait de l’opposition, on lui suscitait des obstacles, toutes les fois qu’il n’agissait pas suivant le caprice de chacun. L’Italie est la nation où le «feveloppemcnl de la personnalité est le plus exagéré, cl c’est là une des grandes causes de son impuissance; les parties, les factions, les simples coteries, les individus mêmes ne consentent jamais à s’effacer devant la nation, et la nation ne peut exister. A Venise, il y avait plus de sagesse et de retenue qu’à Milan et à Rome, les masses avaient plus de patriotisme ; mais là aussi s’agitaient les ambitions particulières et les mauvaises doctrines politiques, et il en résultait un état de choses fort nuisible à la marche des affaires, à l’action du pouvoir et, par suite, à l’inlérèl suprême, la défense. La première condition, en clïel, pour se bien défendre, élait d'avoir un gouvernement solide, nullement préoccupé