LIVRE QUATRIÈME. 201 La garnison de Treporli voulut aussi faire une sortie, mais elle trouva l’ennemi sur ses gardes, et la tentative n’eut aucun succès. On s’attendait chaque jour à voir l’ennemi ouvrir un feu terrible contre la ligne de défense, et on se tenait prêt à lui répondre; on ne se doutait toujours pas du but de ses préparatifs. Ses batteries furent prêles le 28 juillet. Pour causer plus de trouble et de terreur, il commença le feu au milieu de la nuit; il avait fait des dispositions pour surprendre les batteries vénitiennes à la faveur du désordre, auquel il s’attendait. Tout était tranquille à Venise, la population reposait comme d’habitude, l’artillerie du pont et de San Secondo tirait par intervalle, et les batteries ennemies ne répondaient pas, lorsque lout à coup, vers minuit, elles firent feu toutes ensemble, et leurs projectiles passant à une grande hauteur au-dessus de la ligne de défense, allaient s’abattre sur la ville. Les défenseurs, étonnés de ce tir dont ils furent quelque temps sans connaître les effets, n’augmentèrent pas leur feu et se contentèrent de bien se tenir sur leurs gardes, d’autant plus que les pirogues et les chaloupes qui, pendant la nuit, allaient se placer en avant postes et en sentinelles, venaient de signaler la présence, le long du ponl. d’un grand nombre de barques pleines de soldats; l’ennemi, voyant ses projets de surprise déjoués, ne tenta rien. Mais Venise, recevant au milieu des ténèbres une pluie de projectiles, était dans la terreur et dans la confusion ; dans plus de la moitié de la ville, on entendait de tous côtés éclater les bombes et les obus et siffler les boulets, et l’on était livré à des angoisses inexprimables. Les quartiers atteints furent en grande partie abandonnés celle nuil mè-