— 99 — 110ns en ville nous dit que sur une cinquantaine d’inculpés, quinze, dont l’un des Pétrovitch, arrêtés au nombre de trois, ont été remis en liberté sur ordonnance de non-lieu. L’examen des autres traîne en longueur par suite du bouleversement de l’organisation judiciaire pendant la guerre et de la révolution; les magistrats font défaut. L’après-midi, nous visitons la Croix-Rouge américaine, qui accomplit de multiples besognes : bienfaisance, ravitaillement, commerce. Pour les adieux, un banquet d’initiative gouvernementale ; peu d’invités, pas de luxe, le strict nécessaire, aucun discours. C’est une sobriété que nous apprécions. Le retour nous réserve de fâcheuses surprises. A quelques kilomètres de Podgoritza éclatent deux pneumatiques; pendant que le chauffeur effectue les réparations, nous nous dirigeons vers une habitation isolée dans les champs : au milieu de l’unique pièce, sans cheminée, brûlent sur la terre noircie quelques brindilles. Deux femmes à côté surveillent un récipient sous les braises; des couvertures par-dessus une claie que supportent des tréteaux sont le lit; aux poutres se balancent une carabine Lebel et un Maüser. Le maître du logis s’avance, grand, solide, et nous engage en notre langue, lui aussi, à prendre place