— 112 — ciel sur fond blanc, un premier arrêt à Mezzo ou Lopud, nous permet de voir, dans une église encore, de curieux spécimens de l’art local : balustrade et chaire en bois très fouillé, du genre gothique vénitien, des brûle-parfums en filigrane d’or, et entre tous, au fond d’une niche, une slalue de Vierge au visage plein et élevé, mélancolique, très féminin, et dont l’expression est d’un réalisme inattendu. On nous présente, habitant l’île, un jeijne officier de marine, Sesan, l’un des promoteurs de l’insurrection de la flotte à Cattaro, qui se chargea, avec deux matelots, d’en porter la nouvelle à l’Entente. Partis en hydroplane pour atterrir à Monte-Gorgone, ils n’obtinrent des Italiens, en récompense, qu’une cellule où ils restèrent dix mois. Il fallut l’intervention pressante de M. Bis-solati pour leur mise en liberté avec deux cents officiers qui avaient demandé à rejoindre l’armée serbe en Orient. Devisant de ces faits peu connus, nous nous acheminons, après l’apéritif au rakia, vers une collation de fromages et de gâteaux. Et le prêtre de la paroisse, sitôt sa messe finie, ne craint pas de célébrer, par un toast notre venue, prétexte à clamer les méfaits des Italiens qui occupent l’île de Melléda, un fleuron de Raguse. De retour à bord, entre un peintre serbe et le