— 80 — des clameurs s’élèvent : zivio Francia, zivio In-gïesia, et, en plein visage de nos compagnons, zivio Yougo-Slavia ! même des cris malsonnants pour l’Italie, car je vois tout à coup un des officiers prendre sa course derrière un gamin qui détale. Et des Ileurs nous sont jetées à poignées; des femmes s’exaltent : « Nous le jurons que nous partirons tous, tous, s’ils ne s’en vont pas, ceux-là ! » A l’écart, sans mot dire, une vieille, les traits crispés, tend vers nous les bras en pleurant à chaudes larmes. » Un peu gênés, nous reprenons le chemin de la rade sous l’avalanche croissante de bouquets et de vivats, et nous nous réembarquons en vitesse. ■ Il est tard, le pilote trouvant la mer trop menaçante pour gagner de nuit Spalato, vint jeter l’ancre à proximité de Lissa. Nous nous mettons à dîner, à bord, de nos maigres provisions, quand des canots nous accostent dans le noir, sous une pluie battante, et des garçons et des filles endimanchés font irruption, ruisselants d’eau, mais d’une gaieté folle, portant des corbeilles de vins, de caroubes, d’oranges, de citrons, des brassées de roses, démaiilotant de larges gâteaux sur lesquels sont dessinés en blanc : France, Angleterre, Yougo-Slavie, babillant d’aise : « C’est prêt depuis ce matin; vers midi, on a signalé votre embarcation; vous filiez [»lus loin, désespoir-!