— 104 - envoyés de Moscou; le détroit au travers duquel une chaîne, placée par les Vénitiens, barrait jadis le passage aux Turcs; le Castelnuovo, au flanc d’une hauteur, sa blessure rouge d’où fut extrait le pavé de Saint-Marc; tout est souvenir, jouissance pour les yeux et l’esprit. Raguse, Dubrovnik en slave, sur ce prélude, n’en brillera pas moins. Nous entrons de plein pied, n’ayant pas eu, par suite de notre arrivée tardive au port de Gra-vosa, le loisir de graduer les impressions. Appréhendés au débarcadère, nous sommes en- . traînés en une course éperdue par les rues et les monuments pavoises en notre honneur. Les détails nous échappent. L’ensemble s’impose à notre admiration, qu’une antithèse involontaire accroît. Au Monténégro, une terre ingrate, des pierres, du froid, une race âpre et rude, solide comme le roc dont elle semble issue, mais de tradition nulle; ici, une civilisation antique, du soleil, toutes les plantes, un éblouissement de lumière, un éblouissement qui se perpétue jusque dans l’ombre des cloîtres, par l’éclat des joyaux et des pierres précieuses. Avancée comme un îlot dans la mer, avec sa ceinture de murailles et de tours datant du xiii° siècle, ses abbayes, ses églises aux trésors inestimables, son aristocratie clé-