— 90 — niion et, par cette matinée de Pâques radieuse, nous nous mettons à gravir les contreforts du Lovcen par contours arrondis, et le Lovcen, lui-même, par lacets de plus en plus serrés, dont nous distinguons les derniers rubans en zig-zag là-bas, très loin, au-dessus de nos têtes. A l’horizon borné d’abord, s’élargissant d’étage en étage, nous découvrons le village qui diminue, la baie escarpée de Cattaro, puis celle de Theodo harmonieuse, puis la mer, échappée infinie. D’un côté s’approfondit, plus féérique, l'abîme, de l’autre se rapprochent des crêtes neigeuses; le froid se fait sentir de plus en plus intense. Peu après avoir dépassé un poteau (pii indique la frontière entre la Dalmatie et le Monténégro, nous pénétrons dans le massif par le petit bourg de Niegosh. Des pierres partout...; c’est une mer encore plus tourmentée ([lie la vraie par jours de tempête, un océan de rochers. Nous nous élevons au milieu de sommets dénudés et mornes pour descendre brusquement au fond d’une cuvette vers une agglomération de maisons basses, espacées, parmi les polygones de verdure maladive, jardins où furent apportées d’on ne sait où, quelques poignées de terre. C’est Cettigné, la capitale ! Après lin déjeuner médiocre chez une aubergiste dont les filles parlent notre langue, nous