— 9 - l’inconnu. Nous ne savions, mon compagnon et moi, après quatre années d’abrutissement dans la tranchée, rien ou presque rien des questions les plus actuelles; sur les Balkans en particulier ne nous restaient, des études secondaires ou d’articles rapidement parcourus, que des notions vagues, quelque ennui, beaucoup d’ironie. Vile, un plongeon dans les livres achetés avant le départ; et, aussi rapides que les paysages aux portières, défilent les chapitres d’histoire : Invasions slaves, vers le vu“ siècle, des contre-forts ouest des Alpes de Transylvanie jusqu’aux Alpes Juliennes et l’Adriatique. Absorption lente et pacifique, par elles, des éléments primitifs, depuis le Vardar qui se jette dans le golfe de Salonique jusqu’à la Drave, affluent de droite du Danube, jusqu’aux basses vallées de la Tisza et du Teinès, affluents de gauche. Luttes incessantes sur trois fronts contre voisins plus forts, Vénitiens, Germains, Magyars, Turcs, créant des préoccupations, même des religions différentes dans une même race sans en changer la langue, et la triple appellation de Slovènes, Croates, Serbes. Puissance de cette dernière branche du ix° au xiv° siècle sous des rois dont Douchan fut le plus célèbre, et chute glorieuse à Kossovo sous la pesée ottomane. Prospérité parallèle d’un royaume croate qui dut céder aux Magyars vers