conseille de descendre la Save en bateau ce qui serait plus agréable et plus confortable. Nous nous rendons à l’appontement; il a beaucoup plu; la rivière est dangereuse; seule, une embarcation du modèle réduit assure le service; il faut se résigner à y prendre place; nous montons à bord; non'sans marcher sur des pieds, bousculer bien des gens, nous traversons un grand salon et parvenons au local exigu, pas liés propre, qui nous a été réservé. Heureusement il y a des banquettes avec des dossiers; nous pouvons nous allonger et dormir. Mais comment ont dû faire nos voisins*? Regagner le pont, au matin, esl presqu’imp'ossibie; dans le salon, de huit à dix mètres de côté, une centaine de personnes se pressent, commerçants, fonctionnaires, officiers ou femmes élégantes, assis pêle-mêle autour de tables-sur lesquelles traînent des bouteilles de liqueur, des colis graisseux, des cravaches, des sacs à main, des pelures d’orange et des bouts de cigarettes. Quand nous avons réussi à gravir, à moitié, l’escalier, nous constatons que là-haut on n’est pas mieux loti; soldats, agriculteurs, ouvriers s’y entassent avec les paquets et les caisses, en un amas encore plus indescriptible. La Save a inondé la plaine à perte de vue; des moulins, en plein courant, roues à aubes entre