tellement, (jne le loisir nous est à peine donné de regarder autour de nous. Quelques maisons, quelques monuments, dont le théâtre et l’université, ont été endommagés par les bombardements, pas beaucoup, c’est du travail autrichien. Les grosses pertes résultent d’une occupation de deux ans par les ennemis, du pillage, de tout ce qu’ils ont enlevé au moment de leur retraite. Nous pouvons nous en rendre compte, les habitants, malgré l’aube de prospérité qu’ils doivent entrevoir, s’attristent de la pénurie des denrées les plus nécessaires (vêtements, produits' alimentaires, allumettes à trois couronnes la boîte), de la négligence des services publics en ce qui concerne l’entretien de la voirie ou plutôt de leur empêchement momentané d’y pourvoir, du manque d’outillage et de main-d’œuvre. La prédilection pour la France, contre-balancée par un peu d’amertume et une sympathie naissante pour l’Angleterre et l’Amérique est un trait commun à beaucoup. L’allure de certains officiers serbes, raides et pleins de morgue en apparence, dans leur longue capote aux revers rouges, a choqué, il est vrai, quelques-uns des nôtres qui leur trouvent trop de ressemblance avec les Allemands. Après l’estime réciproque née du combat, des froissements