196 Acolouthie de Marc Eugénicos archevêque D’ÉPHESE charmant groupe d’îles auquel la principale d’entre elles, celle de Prinkipo, a donné son nom. En parlant des professeurs de Marc, le synaxaire plus étendu les désigne simplement par l’épithète de iniTTiSeiorépoif, c’est-à dire les plus capables ou les plus qualifiés; notre synaxaire est plus précis, et il désigne par leur nom les deux principaux maîtres dont Marc fréquenta les cours : ce furent, pour la haute littérature, Jean Chortasménos, devenu sous le nom d’Ignace métropolitain de Se-lybria ou Silivri, et pour la philosophie, Georges Gémiste, plus connu dans l’histoire sous le nom de Pléthon. Nous savions déjà par Syropoulos que Gémiste avait été le professeur et de Marc et de Bessarion (1), mais c’est bien, si je ne me trompe, pour la première fois que le nom de Marc se trouve associé à celui de Chortasménos, dont Karl Krumbacher avouait ne connaître ni la patrie ni l’époque (2). Grâce à notre synaxaire, nous sommes en mesure de résoudre ce petit problème d’histoire littéraire. C’est dans les premières années du XVe siècle que Jean Chortasménos enseignait les belles lettres dans la capitale de l’empire tout en composant certains ouvrages. En dehors de son commentaire sur les n)ocyu[jt.vâ(7£/.txTa d’Aph-thonios, déjà signalé par Krumbacher, on a encore de lui : 1° des scolies sur les commentaires de St Jean Chrysostome sur les paraboles évangéliques (3), une vie des saints Constantin et Hélène (4), des commentaires sur la logique d’Aristote (5). C’est évidemment le personnage que Boissonade désigne, par une erreur de lecture, sous le nom de Chortasmios (6). Lequien n’avait pas réussi à déterminer l’époque exacte où vivait Ignace de Silivri (7); nous sommes mieux renseignés aujourd’hui, puisque cet Ignace n’est autre que Jean Chortasménos. 11 occupait encore son siège épiscopal en 1431, comme il nous l'apprend lui-même par une note autographe apposée cette année-là à un volume de ménées (8). Avant son élévation à l’épiscopat, il avait été, comme Marc Eugénicos lui-même, notaire patriarcal, et nous avons encore plusieurs signatures de lui avec ce titre (9). Auparavant, il signait simplement SiSaexaXoî (10). Par une curieuse coïncidence, Bessarion, au rapport de Platina (11), eut également pour maîtres Gémiste et Chortasménos, tout comme Marc Eugénicos. Étrange destinée de ces deux hommes, qui devaient faire un usage si différent des enseignements reçus aux leçons des mêmes professeurs! (1) Historia concilii Fiorentini, ed. Robert Creyghton. La Have, 1660, p. 134. (2) Geschichte der byzantinischen Litteratur. Munich, 1897, p. 452. (3) Papadopoulos-Kerameus , MaupofopSaTsio; BißXioOvixYi, Constantinople, 1884, p. 125. (4) A. Papadopoulos-Kerameus, op. cit., p. 128. (5) Vid. cod. Riccard. 58 in Studi italiani di filologia classica, t. II, pp. 508-570; cod. Laur. LXXI, 16 ap. Bandini, t. Ili, p. 10; cod. Bonon, bibl. univ. 3637, f. 83, in Studi italiani, t. Ili, p. 462. (6) Anecdota graeca, t. Ili, p. 354. Cf. Sp. Lampros, Nlo? 'EX>?ivo(avt|(i.(i>v, t. IV, p. 484. (7) Oriens christianus, t. I, p. 1139. (8) A. Papadopoulos-Kerameus, dans les Mémoires du Sylloge littéraire de Constantinople, t. XVII, Suppl., p. 60. (9) Cf. cod, Laur. Conv. Soppr. 26 in Studi italiani I, 140 ; cod. Mutinens. 142 in Studi italiani IV, 474. (10) Cf. cod. Ambros. 1005, apud Martini-Bassi, Catalogus, p. 1077. (11) Migne, Patr. gr., t. CLXI, col. CV.