238 SOUVENIRS DE LA HAUTE-ALBANIE. Us ne tardèrent pas à atteindre le sommet de la montagne, l’haleine brûlante du monstre y avait tout desséché, il dégageait une (elle chaleur, que la jeune fille se plaignit de la soif; avec son bâton le vieillard (it un trou dans un rocher d’où l’eau jaillit ; après s’être désaltérés ils avancèrent. Le dragon les attendait ; arrivés près de lui, les jambes du vieillard s’enfoncèrent jusqu’aux genoux dans la roche, qui semblait sous ses pieds devenir une pâte, il dit à sa compagne de se tenir derrière lui. L'ayant aperçu, par trois fois le monstre essaya de l’attirer à lui, vains efforts, la roche tenait le vieillard et la fille restait cramponnée à lui. « A mon tour maintenant, » s’écria-t-il, en prenant son glaive en bois et quittant la pierre, il poursuivit le monstre dans la grotte, coupa successivement ses sept têtes et les pointes des sept langues qu’il mit dans sa poche. D’aucuns affirment qu’après avoir tué le dragon, il le prit par la queue et le lança vers le nord, que le lieu où la bête tomba s’appela Lesch (en turc : charogne), nom sous lequel les Turcs désignent Alessio. Après cet exploit, ils rentrèrent en ville, chacun de leur côté. La joie fut grande quand on apprit la mort du monstre et le retour de la jeune princesse qui raconta à son père comment elle avait été sauvée; dans sa joie, il lit annoncer qu’il la donnerait comme femme à celui qui prouverait l’avoir sauvée. Les prétendants ne manquèrent pas, chacun d’eux affirmait avoir détruit le monstre et exhibait des débris de reptiles, mais la vierge qui était présente, trois pommes dans les mains, restait debout, muette et immobile à côté de son père. Ce dernier ayant demandé si par hasard il ne se trouvait pas dans la ville quelque étranger; on lui dit qu’on n’avait