LES .MIROITES. 1S7 quelque temps; comme il la quittait pour s’éloigner davantage, il fut rencontré par deux jeunes montagnards de Haïmeli qui s’étant pris de querelle avec lui le tuèrent et lui enlevèrent son revolver,et son fusil. En l’apprenant, les Mirdites chez lesquels il avait logé, lirent savoir aux meurtriers que d’après la loi des montagnes, ils leur avaient fait une triple insulte, d’abord en tuant celui qui venait de quitter leur toit, ensuite en lui enlevant les deux armes et que dans le cas où ils refuseraient de rendre les armes du mort, il serait pris trois sangs dans leur famille. Ils refusèrent de restituer les dépouilles qu’ils avaient prises ; un an après, au moment où l’affaire semblait oubliée, car le mort était, dans le fond un fort mauvais drôle, ils furent tués à coups de fusil au moment où ils passaient devant l’église ; un troisième frère et un cousin accoururent au bruit des détonations et tombèrent également, le fi’ère fut tué raide, le cousin eut la jambe cassée. Cet esprit de vengeance n’est pas moins vif dans les autres clans, j’en citerai un exemple. Un montagnard perdit son père, assassiné alors qu’il n’avait que huit ans. Les anciens du village, espérantéteindre la future vengeance, acceptèrent en son nom une indemnité de la famille du meurtrier. L’enfant devenu homme se maria, eut une petite maison et se trouva dans une certaine aisance, bien rare dans les montagnes. Ses amis qui lui avaient raconté dans quelles conditions son père avait été tué, pensèrent d’abord qu’il attendait une occasion favorable pour se venger de l’assassin. Voyant qu’il ne se décidait pas, ils lui reprochèrent peu à peu ses hésitations ; vainement ce pauvre garçon se retranchait derrière la décision prise par le conseil des anciens, suivant la loi