LES ENVIRONS DE SCUTARI. 07 J’ai précédemment nommé son fondateur et la princesse qui la reconstruisit1 ; à cette époque, de nombreux et populeux villages étaient répandus dans la plaine et le long du fleuve ; une abbaye de Bénédictins, dont les religieux faisaient le service de l’église, lui était contiguë ; le régime du fleuve était alors différent, son embouchure s’ensablant peu à peu par suite de la mollesse du courant, a occasionné des crues qui ont détruit ses rives, inondé la campagne et engendré des fièvres, devant lesquelles ont dû s’enfuir les populations. Il ne faut pas perdre de vue, d’autre part, que le temple s’est trouvé sur la route des armées musulmanes, quand elles ravagèrent les environs de Scutari, c’est ce qui explique également sa destruction ; la guerre, le temps, la nature, la cupidité des hommes, tout a concouru à sa ruine, tout n’est plus aujourd’hui que passé et poussière dans ce sanctuaire qui, en 1679, était cependant encore assez important pour qu’un synode put s’y réunir. Il semble destiné à l’oubli et pourtant, je vois dans le Liber Presbyteri Diocleatis regum Slavorum, que le commencement du xi° siècle y a vu enterrer quatre rois Serbes, Bodin, Dobroslaw qui après avoir été déposé et, suivant le cruel usage de ce temps, privé de la vue et mutilé, y finit ses jours sous la bure du caloyer, enfin Vladimir et Gradijna y sont venus dormir leur dernier sommeil, espérant un repos que leurs cendres ne devaient pas trouver. Peut-être étaient-ce les ossements de l’un de ces puissants, que je voyais surgir de la rive rongée par le fleuve. OEuvre si touchante de piété et de foi destinée dès aujour- 1. Farlati, vol., VII p. 308. 7