240 SOUVENIRS DE LA I1AUTE-ALBA.ME couteau dans le fruit afin de l’ouvrir, cria : « Je leur laisse ce souvenir! » Lançant la pastèque en l’air elle resta collée dans la voûte. Aussitôt parut un mulet qu’il enfourcha et avec lequel il s’échappa en passant à travers la roche; parvenu au sommet de la montagne et abandonnant sa monture, il se rendit en quatre enjambées à Corfou ; la première fois il mit le pied à terre près de Croïa, la seconde près de Cliiak, la troisième à Durazzo ; dans ces endroits on a élevé des tékés, où chacune des pierres qui porte l’empreinte de son pied est l’objet d’une grande vénération. Il mourut, dit-on, à Corfou. On raconte, àCroïa, qu’il était derviche chez Hadji Begtasch à Pirew et servai t dans la communauté en qualité de berger. Un jour son maître lui dit: « Aidé Saldik Saldém Seni », « va, Saldik, je t’ai affranchi. » De là son nom de Saldik Saldim qui, dit-on, avec le temps et à cause de la couleur blonde de ses cheveux (sari en turc), se transforma en Sari Saldik. L’aventure de Sari Saldik est autrement rapportée dans un ouvrage sur parchemin d’un auteur inconnu, très ancien et rare : « Kaza Kitab vilayetnamé Shériff Hunkiar Hadji Begtasch Veli Kades sirréhoul aziz. » Ce livre qui se trouve à Tirana contient la vie et les miracles de Hadji Begtasch. Au commencement se lit « Ya Ali », l’invocation des begtaschis suivie de cette mention : Ce livre conduit au royaume du Sultan Hadji Yeli Begtasch, que son tombeau soit béni ! D’après l’auteur de ce livre, Sari Saldik était un berger begtaschi au service de Hadji Begtasch, qui lui donna la liberté et lui fit don d’une épée en bois. Quittant alors le téké en compagnie d’un autre derviche, il se mit en route. Ayant traversé la Mer Noire, agenouillé sur son tapis de prière, il aborda sur la côte d’Europe et se dirigea vers la