MATINÉE D’AUTOMNE A DÉDÉAGATCH La journée s’annonçait splendide, un de ces admirables et inoubliables jours d’automne oriental, plus captivant encore au bord de cette incomparable mer Egée. Quel charme exquis dans cette matinée passée sur le balcon en planches disjointes d’un petit café grec de Dédéagatch où j’étais venu seul de bonne heure, en contemplation devant cette immensité bleue au milieu de laquelle surgit Samo-lli race, la grande île encore si peu connue, des mystères et des initiations antiques, l’île des Cabires et des Pélasges, but de pèlerinage du monde ancien, dont la merveilleuse Niké, découverte par mon ancien chef et excellent ami M. Champoiseau, est un des joyaux du Musée du Louvre et fait regretter que des recherches suivies ne soient pas entreprises dans ce lieu où fut reléguée la trop célèbre Arsinoë. Plus loin, dans une buée d’or, Lemnos, lmbros, à l’état d’idéalités ; bien loin au nord, bien loin dans une ombre transparente, la silhouette fantôme du mont Athos, le grand sanctuaire de l’Église orientale ; sur la côte, à quelques heures, l’antique Maronea, fondée mille huit cents ans avant notre ère, ravagée par Ulysse à son retour du siège de Troie et si renommée pour ses vins au temps de l’Empire romain ; à gauche, enfin, vers l’embouchure de lTIébrus, l’antique Enos aux monnaies recherchées, autrefois ville