98 SOUVENIRS DE LA I1AUTE-ALBAME. d’hui à disparaître rapidement, ce rêve d’une femme et d’une reine se dissout peu à peu, chaque année, dans les eaux boueusesd’an fleuve, sous le sombre feuillage des énormes micocouliers, dont l’ombre semble s’efforcer de dérober aux regards cette triste fin, lamentable liquéfaction par lambeaux, à laquelle assistent seuls les corbeaux au funèbre plumage et des hérons silencieux et juchés dans leurs nids construits sur la cime des arbres. Scias si. A trois h eures de Scutari, le voyageur qui se rend à Antivari par la route de terre,aperçoit sur sa gauche une colline rocheuse d’un gris triste; à son sommet se profilent quelques ruines qui semblent s'efforcer de s’élever au-dessus des grenadiers sauvages, ce sont les débris de l’ancienne Svakia ou Sfakia qu’on appelle indifféremment actuellement Sciassi et Châssi. Je n’ai rien pu trouver sur l’origine de cette ville, peu importante d’après les restes delà citadelle, mais d’une grande piété à en juger par les églises qu’on y retrouve encore. On m’avait affirmé que j’en pourrais compter trois cent soixante-six, ce qui m’avait décidé à m’y rendre; n’eussent-elles été que des chapelles, le voyage en valait la peine ; j'en ai trouvé six incontestables sur un espace ne mesurant pas plus de 500 mètres de longueur ; toutes sont orientées Est-Ouest, l’abside à l’Est. Trois d’entre elles se touchent presque. La plus intéressante, comme importance et travail, est celle connue dans le pays sous le nom d’église de la Vierge ; la position de deux nimbes que j’aperçois dans les restes de la fresque qui surmontait la porte, permet de penser que