SUPERSTITIONS ET LÉGENDES. 289 Malgré les efforts du clergé, les Albanais catholiques sont au moins aussi superstitieux que leurs frères musulmans ; ceux qui sont les plus instruits, relativement, vous affirmeront très sérieusement qu’on rencontre des individus possédés qui prévoient l’avenir et qui, bien que n’ayant reçu aucune instruction, parlent plusieurs langues dès que le diable s’est emparé d’eux. Chaque maison,à Scutari, recèle, dit-on, un serpent, génie familier, qui vit caché dans le trou d’un des murs, qu’on n’aperçoit que rarement et qu’il ne faut pas tuer, quand par hasard on le rencontre. On ne donne pas des œufs à couver, sans les avoir marqués d’une croix, de crainte qu’il n’en sorte quelque monstre. Dans les étables, on place un vase avec de l’eau bénite, pour que la vache mette bas heureusement ; les musulmans albanais viennent parfois demander de l’eau bénite quand leur vache va vêler. La plupart d’entre eux ont comme les chrétiens une confiance respectueuse en l’appui de saint Nicolas ; souvent, dans les montagnes surtout, ils allument un cierge le 6 décembre. De même que chez les musulmans, les prêtres catholiques et ce n’est pas sans profit, donnent à leurs paroissiens des prières écrites par eux, que ceux-ci doivent porter sur eux, pour se garer du mauvais œil, éviter les maladies ou guérir ; souvent, quand ils sont malades, ils appellent le prêtre pour qu’il leur lise une prière, au-dessus de la tête. Dans certains villages catholiques, me contait un prêtre, on ne fait jamais sortir un mort de la maison, par l’endroit où un mort de cette même maison a déjà passé ; le premier 19