SOUVENIRS DE LA HAUTE-ALKAMK. commerçante et repaire de pirates, donlles remparts génois semblent en ce moment enflammés ; que de souvenirs intéressants s’accrochent de toutes parts à cette rive Thracienne et, sans un vapeur venu malencontreusement chercher un chargement, l’illusion de cette évocation eût été complétée par les caboteurs grecs, dont la mer infiniment bleue berce les formes argonautiques recouvertes de criards et archaïques bariolages. Isolé dans la rêverie des événements dont ces localités avaient été le théâtre, je suis brusquement ramené dans l’existence médiévale par l’arrivée de l’agent consulaire qui, supposant probablement que la solitude m’était lourde, que j’avais besoin d’une distraction, vient me proposer d’assister à l’exécution d’un brigand bulgare qu’on a capturé dernièrement. Depuis quatre années, Dimitri terrorisait les campagnes qui environnent Dédéagatch, chauffant les gens pour apprendre d’eux où ils avaient caché leurs épargnes, les égorgeant ensuite pour être certain de leur silence. L’animation est grande dans la rue principale ; en quelques minutes, suivant la foule qui s’y précipite, nous en atteignons le bout : un magnifique platane semble la fermer, à ses pieds un puits; les cafés et les boutiques qui l’entourent sont remplis de consommateurs; la journée si belle, si ensoleillée, sera chaude; on cherche déjà la fraîcheur; je ne vois aucun préparatif, je demande où est la potence : un Turc, qui fume gravement son narguileh, me montre l’arbre d’un mouvement de tête, sans interrompre sa rêverie. Deux compagnies de soldats ne tardent pas à venir s’aligner sur la petite place Accompagné par son pope grec, le condamné est amené par des zaptiés (gendarmes); il est