300 SOUVENIRS DE LA HAUTE-ALBANIE. D’où provient cette froide apathie des catholiques de Scu-tari?De leur longue servitude, de leur instruction des plus rudimentaires, de leur mollesse, de leur absence de besoins, du bon marché de la vie. Quant aux montagnards, ils n’ont aucune idée, aucune aspiration, en dehors de la vie animale. A Scutari comme dans les montagnes, on se plaint parfois devant un étranger, mais, dans le fond, les uns et les autres ont encore, en général, la volonté de ne rien changer à ce qui est, toute innovation leur est odieuse, surtout quand ils croient qu’elle leur coûtera, ils l’ont bien montré à l’époque des réformes ; les montagnards catholiques ont alors fait cause commune avec les musulmans, pour les repousser \ Le gouvernement, de son côté, n’a rien fait pour améliorer la situation économique du pays et tâcher de s’attirer des sympathies qu’un peu, bien peu de bien-être et de tranquillité lui assurerait, mécontentement d’une part, indifférence de l’autre, les atomes crochus font défaut et le pays reste dans un état de barbarie incroyable pour celui qui ne l’a pas parcouru. Sans trop de peine, et avec un peu d’argent, on pouvait rendre faciles les communications entre Scutari et la mer : la distance en plaine n’est que de 27 kilomètres, qu’il est parfois impossible de franchir, car il n’y a pas de route. J’ai dit les difficultés qui empêchaient les montagnards d’exploiter leurs forêts et leurs terres. Le gouvernement, en faisant des routes de pénétration, accordant des concessions de 1. Us n’avaient pas, comme les Scutarins, l’excuse d’un long esclavage pour justiPier leur attitude ; on leur avait fait croire qu’on allait mettre en vigueur une loi nouvelle, et qu’ils auraient des impôts à payer : cela a sufli.