IÆS DERVICHES BEGTASCH1S. 243 considéré comme un miracle par les gens de Croïa, qui ne se montrèrent pas ingrats. Ils lui ont élevé, près de la poudrière, un fort joli turbé orné de peintures à l’intérieur, et dans lequel il a été enterré avec son firman. Même après sa mort il fut bienfaisant pour ceux de Croïa; le gouverneur de Scutari ayant voulu plus tard exiger d’eux le paiement de la dime, ils s’y refusèrent, alléguant du firman qui les en exemptait et qu’ils offraient de produire, si on leur laissait ouvrir la tombe du derviche ; on n’osa autoriser ce sacrilège, on préféra les laisser tranquilles et depuis ce temps ils sont aussi aujourd’hui exemptés d’impôts. C'est en se basant encore sur ce firman, que pendant mon séjour dans leur ville, ils s’opposèrent à l’installation delà régie des tabacs. J’ai précédemment raconté comment et dans quelles circonstances fut tué le scheik Mimi *, il avait amassé un peu d’argent et construit un couvent à côté du turbé de Baba Ali. Après sa mort tragique, le téké tomba en ruines ; durant quarante années, les scheiks qui lui succédèrent résidèrent dans une cabane en planches, jusqu’au moment de l’arrivée du scheik Baba Hussein qui était originaire de Dibra. 11 reconstruisit le téké, de l’année 1270 à 1310 de l’hégire, il en- administra avec sagesse et économie les domaines. Après avoir tout ce temps dirigé son couvent, il mourut âgé d’environ quatre-vingt-dix ans, ayant travaillé jusqu’au dernier jour; sa fin fut calme et touchante. Baba Hadji, son successeur actuel, est né à Croïa, Au cours de ses voyages il a, dit-on, acquis quelques connaissances et n’est pas ennemi du progrès, il est le premier baba qui soit 1. Voir histoire des Toptan.