LES DERVICHES BEGTASCHIS. 229 leur expliquer les signes conventionnels qui s’y trouvent. Fazil Yezdan avait eu lui-même pour maître Mansouri Khalladji. disciple de Azret Djuneidi Bagdadli, élève de l’imam Mouza Riza, parent de Azret-Ali, célèbre par le combat qu’il livra à l’esprit des ténèbres. Hadji Begtascb partit de son téké de Pirew, pour faire, accompagné d’un seul derviche, le pèlerinage de La Mecque. 11 mit douze années à accomplir ce voyage, car à chaque deux pas il faisait deux fois la prière appelée « rekhyat », pendant laquelle on doit se prosterner et se relever quatre fois, après avoir chaque fois touché la terre avec le front. Pendant son séjour dans la ville sainte, les disciples qu’il avait faits au cours de ce long voyage et qui l’avaient accompagné, lui annoncèrent que Ahmed Said Boufaï (fondateur de l’ordre des derviches de ce nom) venait pour lui rendre visite, ayant entendu parler de lui ; ils ajoutèrent qu’il arrivait monté sur un lion, que pour le diriger il lui avait passé un serpent dans la gueule et se servait d’un autre serpent en guise de cravache. Quand il apprit qu’il était proche, lladji Begtascb enfourcha un pan de mur selon les uns, un bloc de rocher au dire des autres et s’écria : « Yoll Moubareck », c’est-à-dire « marche de bon augure ». Son excentrique monture lui obéit et le porta vers Ahmed Saïd Boufaï qui s’écria: « Monseigneur, que veut dire cela? » — « Il est facile de monter un lion, répondit Hadji Begtasch, faire cheminer un mur est moins aisé. » Descendant de son lion, lloufaï s’écria : « Que tu vives de longues années, tu es vraiment véli ! » C’est dans cette circonstance qu’Hadji Begtasch obtint le vélilik (véli signifie saint). Une autre fois, Hadji Veli Begtasch se trouvant en Anatolie,