SUPERSTITIONS ET LÉGENDES. 203 per, finit par se reconnaître coupable des faits qui lui étaient reprochés, avoua qu’un montagnard, mort fort loin en exil, avait eu le cœur mangé par elle et qu’une de ses compagnes l’accompagnait parfois dans ses surnaturelles et nocturnes escapades. L’affaire fit grand bruit, la malheureuse avait été si cruellement brûlée qu’elle ne tarda pas à mourir. Sa compagne aurait peut-être eu le même sort, quand on eut l’heureuse idée de la porter ligotée à Scutari ; il fut un instant question d’une enquête du clergé, d’exorcisation, etc. Heureusement pour elle que le gouverneur général brusqua le dénouement en l’envoyant en exil dans l’Asie Mineure. Les femmes attendront toujours l’époque de la nouvelle lune pour se teindre les cheveux ; le faire à une autre époque serait s’exposer à un insuccès. Dyioô/c! Dgioôk! Après unejournéede chasse assez pénible, j’étais, quelque peu las, revenu au village; le soleil bien bas déjà, allait disparaître; devant la porte de la chaumière où je devais passer la nuit, je regardais, assis sur une natte, le va-et-vient des paysannes achevant leur travail de bêtes actives. Aidées de leurs hommes, elles enfermaient les animaux, allaient en hâte à la source pour chercher de l’eau. Mon hôte fumait grave et respectueux non loin de moi et, craignant de troubler ma songerie, causait à voix basse avec mon drogman. La nuit venait rapidement, dans l’atmosphère lourde de la poussière soulevée par les troupeaux qui rentraient, la vie s’éteignait peu à peu, quand une ombre rayant le ciel,