Ill SCUTARI L’impression assez gaie que donnait l’entrée en ville ne . tarde pas à se modifier quand on s’enfonce dans l’intérieur, l’effet produit est étrange. Pende maisons sur la rue, de hautes et solides murailles au-dessus desquelles s’élève le feuillage des figuiers, des mûriers, des lauriers-roses ou des grenadiers, de massives portes garnies de clous à large tète, dans les montants en retour des meurtrières se faisant vis-à-vis afin de repousser les assaillants; rues et hauts trottoirs pavés en galets et coupés par des ponts ou de larges cubes de pierres destinés à faciliter la circulation au moment des inondations ; de loin en loin une stèle dressée le long d’un mur au tournant d’une rue et couverte d’inscriptions turques, annonce qu’un musulman est tombé dans cet endroit victime d’une vendetta. Parfois dans le quartier turc passe à côté de vous une envolée de féredjés aux couleurs voyantes ; sous les ombrelles papillotantes éclatent les rires des dames turques toujours si insouciantes et si gaies; d’autres fois, vous croisez une Albanaise musulmane à l’allure poétiquement sinistre, artistement drapée dans sa dolama bleue aux revers largement brodés d’or, charmeuse dans le balancement de ses longs pantalons, aux poignets brodés d’or,