LES Mil!DITES. 107 homme dont je connaissais la famille, on retrouva sous son oreiller une poésie qu’il avait composée et dont voici la traduction : Hélas ma vie me semblait si belle, J’étais jeune et n’avais que vingt ans. Quand, Dieu voulant, il fut décidé Qu’à l’étranger je devais vivre, Après avoir traversé bien des mers J’arrivai dans la ville fatale Mon cœur était rempli d’amertume. De longues nuits, de longs jours je pleurais. Un jour on appela le médecin qui me dit : Vous avez transpiré, vous êtes sauvé. Il ne savait pas que mon pauvre oreiller Etait mouillé de larmes et non de sueur. Au nom de Dieu, docteur, lui ai-je dit, -Ne me cachez pas la vérité sur moi, Si vous croyez qu’il n’y a plus d’espoir, Ne me laissez pas faire de vains rêves sur ma vie. Tes jours hélas ! sont, je le crains, comptés, Me répondit la science, le printemps commence, Les arbres pousseront de jeunes feuilles, Je n’oserais dire que tu les verras tomber. Je quitterai donc bientôt ce monde, Sans avoir connu ses plaisirs, A l’époque la plus belle de ma vie, Lune si brillante, je ne verrai plus ta lumière aimée Quand tu auras accompli ton parcours, Tu iras trouver mes amis d’enfance, Tu diras à ceux que j’ai laissés et aimés Que je leur demande de me pardonner. Hirondelles qui irez dans ma patrie, Petites messagères attendues, écoutez ma prière. Allez dire aux habitants de l’Albanie Qu’un jeune d’entre eux n’est plus. r