SOUVENIRS DE LA HAUTE-ALBANIE. En gagnant le sommet, je rencontre des pans de belles murailles pélasgiques dont les blocs se sont, dans leur chute, éparpillés de tous côtés au milieu des grenadiers sauvages et des genévriers ; c’est tout ce qui reste de l’ancienne Lissus fondée, dit-on, par Denis de Syracuse, et prise plus tard par Philippe 111 de Macédoine. Au sommet de la colline se trouve la citadelle vénitienne dans laquelle mourut Scanderbeg le 14 janvier 1467 pendant que les musulmans attaquaient la ville du côté du torrent Clirus. Quelques années après, la République l’abandonnait au Grand Seigneur après l’avoir démantelée. Les musulmans la réparèrent; elle est actuellement inhabitée, une seule des citernes estencore en bon état, une dizaine de canons en fer, allongés dans l’herbe, se laissent lentement dévorer par la rouille, l’abandon est complet. Pour essayer de reconstituer le passé, il faudrait compulser les archives de Venise qui a si longtemps occupé cette forteresse dans laquelle se trouvaient l’église miraculeuse de Sainl-Alexandre et celle de Saint-Nicolas où fut enterré Scanderbeg; tout a disparu. Vingt années après sa mort, en prenant possession de la citadelle, les musulmans violaient la tombe du héros albanais, pour se partager ses ossements, qu’ils enchâssèrent d’or et d’argent, convaincus que celui qui les porterait serait invincible ; ces pieux et intéressants édifices ont été détruits. Sur le lieu qu’ils occupaient, les musulmans avaient élevé des demeures qui se sont en partie écroulées et une mosquée dont il ne reste que des débris. Une légende affirme qu’elle fut promptement abandonnée, trois de ses muézins étant successivement tombés du haut de son minaret alors qu’ils annonçaient aux quatre coins de l’horizon l’iieure de la prière. C’est en vain qu’on cherche quelques débris où ac-