LES ENVIRONS DE SCUTARI. 81 Rasci. Entre la rivière torrentielle Chiri et le lac, s’allongeant jusqu’aux pieds des montagnes, on trouve une vaste plaine de hautes fougères, elles ondulent comme des vagues que le souffle du vent pousse sur les contreforts du « Maranaï » ; à peu de distance de ces récifs, semblable au mât d’un navire qui aurait sombré, une haute tour carrée se dresse tristement vers le ciel au milieu d’un amas de pierres et de ses propres débris ; éventrée, béante dans sa partie supérieure, c’est réellement une épave. La porte qui donnait accès dans l’intérieur a disparu dans le sol ; les pierres, la terre et la robuste végétation qu’elle nourrit en rendent l’approche impossible, à peine on en aperçoit le haut, impossible de pénétrer ; par une plaie, ouvrage de quelques chercheurs de trésor, également rendue impraticable par les éboulements intérieurs, j’entrevois des vestiges d’arceaux ; en dedans et extérieurement les pierres sont parfaitement et très régulièrement taillées, une corniche saillant au dehors partageait la tour en deux; des restes de murailles entourent le terrain au milieu duquel elle s’élève. L’établissement devait être important, en rapport avec cette tour qui mesure encore 35 mètres de haut et 4m,50 sur chaque face. Ces ruines sont tout ce qui reste d’une ancienne abbaye de Bénédictins, cet ordre puissant venu le premier sur la terre albanaise qu’il a semée de si intéressants souvenirs. Située en plaine, cette cénobie devait être la proie de tous ses ennemis; elle a disparu dans une tourmente dont on retrouverait peut-être encore le récit dans les archives de l’Ordre ; l’œuvre de destruction a été si fatale que son nom 6