78 SOUVENIRS DE LA H AU TE - ALB AN IE. portant les reliques, les vases sacrés, l’artillerie et ce qui restait de leurs richesses. Iiien n’est moins intéressant actuellement que cette citadelle; le lion de Saint-Marc qui surmontait la porte principale a disparu sous les coups de marteau des soldats turcs dont sa destruction occupait le désœuvrement ; au sortir de la voûte casematée, j’aperçois quelques fortes pièces de canon en fer de fabrication anglaise portant la couronne royale et une date, elles gisent à terre, abandonnées piteusement alors que de l’autre côté j’entrevois soigneusement astiquées quelques pièces sorties de l’usine d’Eissen. L’église qui reste avait été convertie en mosquée; la foudre, à diverses reprises, a frappé et jeté bas son minaret; les turcs superstitieux l’ont abandonnée et convertie en un dépôt, une jolie grille vénitienne en fer forgé orne encore une de ses fenêtres. Était-elle dédiée à Saint-Lazare ou à Saint-Stephan, patron de Scutari? personne ne le sait ; rien autre à voir dans ce lieu où de si angoissantes journées ont été vécues; sous l’herbe folle et la terre on trouvera certainement encore un jour d’intéressants souvenirs. Les gouverneurs généraux, peu confiants dans le loyalisme des Albanais, ont pendant de longues années résidé dans la citadelle avec les services administratifs; les troupes les entouraient et les canons restaient braqués sur la ville. Il ne reste plus dans la forteresse que des condamnés y attendant le moment où ils seront envoyés en exil et des soldats que je vois s’exercer sans enthousiasme, à manœuvrer suivant les règles des plus récentes théories.