10 SOUVENIRS DK LA HAUTE ALBANIE. tètes surmontant une inscription et la date 1563. Celui qui était venu y chercher le repos n’avait pas eu la douleur de voir la prise delà ville. Intérieurement revêtues en maçonnerie elles ne renfermaient que des ossements et avaient été probablement déjà ouvertes. Deux femmes monténégrines employées comme manœuvres, ont réuni ces pauvres restes avec les déblais et les ont jetés du haut des remparts dans la mer, belle sépulture pour ces serviteurs de la grande république maritime. Dans une de ces petites ruelles si attrayantes par leur apparence moyenâgeuse, qu’on trouve encore dans l’intérieur de la citadelle, s’élève une maison en belles pierres grises bien taillées, aux fenêtres élégamment encadrées, quelque établissement religieux à en juger par l’écusson et la devise qui surmontent la porte. A peu de distance se trouve l’ancienne église de Sainte-Marie convertie en mosquée ; quelques jolis tronçons de colonnes, une élégante frise en marbre blanc, ont été employés par les Turcs à l’aménager suivant leurs besoins ; le seuil de la porte est formé d’une longue pierre blanche avec une inscription. lîien autre à voir actuellement dans cette ville autrefois célèbre qui, de l’an 877 à l’an 1560, a eu une suite non interrompue d’évêques catholiques. La nouvelle ville n’otfre rien de particulier, ce n’est plus l’Orient, ce n’est pas encore l’Occident, elle est en transformation : depuis que cette partie de l’Albanie a été cédée au Monténégro, elle se civilise rapidement eu égard à ses faibles ressources et à l’apathie des indigènes ; une chaussée, la dernière qu’on verra, traverse le bazar ; quelques maisons agréablement situées au bord de la mer ou s’étageant sur les