234 SOUVENIRS DE LA HAUTE-ALBANIE. rem », ils ne boivent alors ni eau, ni vin, ni eau-de-vie et ne mangent ni beurre, ni viande, ni fromage; ils n’ont d’autre boisson que la boza (boisson faite de farine de millet ou de maïs fermentée) ; le soir du neuvième jour, ils se transportent au téké du scheik Mimi, connu sous le nom de téké de Baba Hussein, ils y passent la nuit. Après avoir salué le soleil à son lever, ils boivent de l’eau-de-vie et mangent l’haschoureh (sorte de crème dans laquelle on jette tous les grains et fruits secs qu’on a pu trouver, maïs, blé, orge, haricots, fèves, riz, pois, noix, raisins secs, dattes, pistadles, etc. Les vrais musulmans, eux aussi, commencent à faire l’haschoureh le dixième jour de Moharrem, chaque maison le doit préparer au moins une fois, on en envoie aux amis. On appelle ce plat la soupe de Noé, car il le prépara, dit-on, en sortant de l’arche. A l’époque du grand jeûne lunaire du Bamazan, les beg-taschis jeûnent seulement trois jours. A partir du mois de Khianoun-Evel (décembre) ils doivent rester confinés chez eux durant quarante jours, en souvenir de l’arrêt de quarante jours que dut faire Hadji Yeli Begtasch, pendant son pèlerinage à la Mecque, à cause des pluies. Le to du mois d’août turc, les femmes vont visiter le tombeau de Baba Ali et le scheik du téké. Les derviches begtaschis n’admettent pas les prohibitions du Coran en ce qui concerne leur nourriture et leurs boissons en général. Le seul animal dont ils ne mangent pas est le lièvre, ils refusent même d’y toucher. Si un lièvre traverse sa route, le sectateur d’Hadji Begtasch retourne sur ses pas. D’après les uns, Guyouya Mavi, écrivain du prophète, avait une chatte qui fut métamorphosée en lièvre. D'autres racontent qu’un derviche avait épousé une vieille femme, qui un jour