112 SOUVENIRS I)E LA HAUTE-ALBAN1E. ignorées. Il semblerait que personne n’ait pu s’échapper pour venir après la tempête reconstituer une famille dans le voisinage de l’ancien foyer. C’est en vain que je cherche à apercevoir, dans cette intéressante et charmante vallée du Drin, quelque habitation, quelque trace de vie et cependant durant trois siècles la ville eut des évêques désignés sous le nom d’évêquesde Sarda et Zappa. Avec les pierres des ruines on a, il yaquelques années,élevé unelonguebâtissesur l’emplacement de l’ancienne cathédrale qui était consacrée à la Nativité de la Vierge1 ; sur un fragment de pierre encastré au-dessus de la porte, quelques lettres en partie effacées, la date 1410 et des inscriptions indéchiffrables. L’édifice mesure une ving-taine de mètres en longueur : il n’a pas de fenêtres, une porte latérale et quelques trous dans les murs y laissent pénétrer des rayons de lumière qui donnent çàetlà l’illusion d’étoiles ; l’autel est en pierres grossières, une croix faite de deux roseaux, une cloche détachée du collier d’un bœuf, rien de plus pour y célébrer la sainte messe, le service divin des humbles, celui des premiers temps du christianisme, alors que le calice était de bois et le prêtre d’or; probablement le desservant qui vient une fois par an apporte le reste avec lui ;pas de plafond, une charpente grossièrement équarrie supporte les tuiles du toit. Partout le sol nu est jonché de tombes, plusieurs assez récentes ; la mort en a pris possesion. Si on y prie une fois l’an on y vient toute l’année demander le repos, c’est le grand rendez-vous des douleurs. Sur chacune de ces tombes suivant l’usage montagnard, sont placées les branches qui ont servi à former le brancard sur lequel on a porté le mort ; 1. Farlati.