46 SOUVENIRS DE FA HAUTE-ALBANIE. venir, et m’apportaient leurs champêtres présents *. L’enfant sorti de son berceau me fut remis ; la mère à genouxm’ofl'rit sur un plateau des ciseaux avec lesquels je coupai trois petites touffes de cheveux prises au milieu et de chaque côté de la tête; et laissant avec les ciseaux mon cadeau dans le plateau, je remis à la pauvre mère bien fière les trois petites mèches soyeuses qui créaient désormais un lien si fort entre nous. Puissè-je lui avoir porté bonheur à ce baby musulman, si joli dans son berceau de bois travaillé. Suivant l’usage, un repas fut offert à mes nouveaux parents ; ils partirent avec les cadeaux de tous, et quand ils descendent en ville ma maison est la leur. Funérailles albanaises. Le maître de la maison est mort; un long cri déchirant, hurlement sauvage poussé par les femmes, a fait connaître aux voisins que l’inévitable visiteuse a pris possession de celui qu’elle ne rendra plus ; un homme de la maison s’élance, allant de porte en porte, frappant avec un bâton un coup sourd sur le bois au lieu de se servir du pesant marteau de fer et annonce en courant le triste événement, la fin d’une vie. Parents et amis ainsi prévenus se hâtent d’accourir, la rue un instant auparavant si déserte et si profondément calme, se peuple et s’anime, les femmes un foulard de soie violet foncé jeté sur leur tête, s’acheminent comme les hommes vers la demeure en deuil, la porte est ouverte pour tous. 1. Dans les familles riches de la ville, les présents faits au coumbaros consistent chez les musulmans en étoffes et gazes de soie, mouchoirs brodés d’or; chezles catholiques où tout est réglé, on lui envoie une chemiseen gaze de soie, un caleçon, un mouchoir et une étoffe de coton tissée et brodée par la mère.