34 SOUVENIRS DE LA HAUTE-ALBANIE. teindre en noir les cheveux et les sourcils de la fiancée, de l’épiler soigneusement, opération douloureuse qui se pratique à l’aide de rasoirs et de houles de résine, qu’on promène sur le visage et le corps pour en arracher le plus fin duvet, onia conduit ensuite au bain1. Le samedi, elle est revêtue de ses lourds habits de gala et conduite, la figure couverte d’un mouchoir de soie, dans la pièce d’honneur où sont réunies les amies de la famille. Elle s’avance lentement, soutenue des deux côtés par ses marraines qui la font asseoir sur un divan bas ou sur un fauteuil qui ne sert qu’à cette occasion et qu’ensuite on conserve recouvert; prenant place à ses côtés, elles enlèvent l'étoffe qui cachait son visage, la politesse exige que l’assistance vante immédiatement à haute voix la beauté de la fiancée qui s’empresse de cacher sa figure dans son mouchoir, sanglotant et donnant tous les signes de la confusion et de la douleur; de temps à autre, quand arrive un visiteur, on la force à lever la tête pour laisser entrevoir son visage inondé de larmes et qu’elle s’empresse de cacher de nouveau ; elle reste ainsi toute la journée, écrasée sous ses pesants bijoux et les longues chaînes d’or, brisée par le poids de ses habits, torturée dans des vêtements neufs, sans se lever, sans parler, sans pouvoir remuer un bras même pour chasser une mouche, ce soin est laissé aux marraines. Les hommes peuvent maintenant entrer dans la chambre 1. Ou demande au futur s'il désire que sa femme ne soit pas teinte. Il répond invariablement qu’il la veut avec cheveux noirs ; après le mariage, la teinture et l’épilation se pratiquent chaque quinze jours environ. On ne rencontre jamais une femme albanaise, eût-elle quatre-vingts ans, avec des cheveux blancs.