104 SOUVENIRS DE LA HAUTE-ALBANIE sains el résistants1; on continue à boire en parlant de cette belle action avec le curé qui, Albanais lui-môme, n’a guère, je le vois, le courage de la blâmer trop durement ; dimanche prochain, en signe de réjouissance, un grand repas aura lieu dans la famille du meurtrier. On est surtout surpris qu’il n’ait pu parvenir à s’échapper, très probablement disent-ils, il a oublié de jeter à terre son mouchoir, une cartouche ou quelqu’autre des objets qu’il avait sur lui; faute de le faire, disent-ils, le sang versé vous alourdit au point que parfois vous ne pouvez faire un pas; c’est en vain que l’obligeant interprète qui me traduit leurs conversations, essayerait de leur parler de la justice divine, du châtiment qui attend celui qui a tué, de leur faire comprendre que les blessures, la perte de son sang, suffisaient pour expliquer l’impossibilité de fuir, ses paroissiens l’écouteraient poliment, mais conserveraient leur opinion. Tous ceux qui sont ici, me dit-il, ont plus d’un meurtre à se reprocher ; un d’entre eux même, en a déjà cinq, n’ayant pas été pris, ils sont convaincus qu’ils en sont redevables à cette présence d’esprit. Les montagnards évitant soigneusement les unions avec familles du môme sang, épousent souvent des filles d’un autre village, par suite les injures faites à l’un d’eux entraînent souvent des représailles de tribu à tribu, les mâles doivent alors segarder soigneusement; j’ai trouvé dans une montagne un village dans lequel quinze maisons étaient en sang, les fenêtres de ces habitations étaient hermétiquement closes, les portes barricadées n’étaient ouvertes qu’après qu’on s’était assuré de la qualité du visiteur, les i, En effet, quinze jours après il s'évadait.